WHITE (D.)

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Dick WHITE 1906-1993

Figure légendaire des services de contre-espionnage britanniques — certains affirment que le romancier Ian Fleming s’en serait inspiré pour créer le personnage de James Bond —, sir Dick White naît en Angleterre, dans le Kent, le 20 décembre 1906.

Très tôt, il manifeste cette alliance de talents si chère aux Anglais: de grandes capacités intellectuelles et des dons exceptionnels dans le domaine sportif. Il pourra se targuer, à sa sortie d’Oxford en 1928, d’avoir obtenu des diplômes au plus haut niveau et représenté dans les courses de demi-fond son université puis, aux jeux Olympiques, son pays.

C’est d’abord l’enseignement qui l’attire: en Angleterre, les grandes écoles privées (public schools ) aiment compter parmi leurs effectifs des professeurs devenus célèbres pour leurs prouesses sportives. Sa tâche principale est de préparer des élèves des classes terminales aux concours d’entrée aux universités d’Oxford et de Cambridge. En 1931, participant à l’organisation de voyages d’étude dans les dominions à l’intention des élèves des public schools, il fait la connaissance du colonel Malcolm Cumming. Cinq ans plus tard, celui-ci l’invitera à le rejoindre au sein de la MI 5, la direction de la Surveillance du territoire. White est alors âgé de trente ans.

Tout de suite, White fera preuve d’une connaissance approfondie de la situation politique internationale et, fort de son aisance en plusieurs langues européennes, y compris l’allemand, il se distinguera vite comme un artisan précieux dans la lutte contre la menace que représentent pour la Grande-Bretagne, à l’époque, les infiltrations des agents secrets allemands et soviétiques. C’est le début d’une longue carrière dans le monde discret et caché des services secrets.

Tout pays qui se livre à l’espionnage doit œuvrer sous la double devise “apprendre, tromper”. D’une part, il s’agit de tout savoir sur l’activité des agents secrets ennemis présents sur le territoire national, de les identifier et de s’en emparer dès que cela se révélera opportun. D’autre part, il s’agit de conduire les pouvoirs ennemis à œuvrer contre leur propre intérêt, en leur fournissant des informations erronées. Dick White a vite montré qu’il maîtrisait ces deux volets du métier. À partir de 1938, grâce à son action, la Grande-Bretagne a pu bénéficier du “contrôle” — élément essentiel — d’une partie majeure de l’offensive menée par l’Allemagne en matière de renseignement et, partant, de son offensive de guerre tout court.

Si le débarquement des troupes alliées sur la côte normande, en juin 1944, a pu se dérouler dans des conditions optimales, c’est largement dû au fait que Dick White, par l’intermédiaire des agents de la MI 5, avait réussi à convaincre le haut commandement allemand que l’invasion, tant attendue et redoutée, devait avoir lieu dans le Pas-de-Calais. Les Allemands ont maintenu sept divisions dans cette zone, procurant ainsi aux Alliés la possibilité de s’établir dans le Cotentin.

Les mérites de Dick White furent aisément reconnus par les pays alliés de l’Angleterre, et, peu de temps après le débarquement, il fut détaché auprès de l’état-major du général Eisenhower en tant que “conseiller-expert en matière d’actions de contre-espionnage”. Il fut également décoré de la légion du mérite américain et de la croix de guerre française.

Après avoir été nommé, en 1953, directeur général de la MI 5, White fut chargé, en 1956, de la direction de la MI 6, autre branche des services d’espionnage britannique qui s’occupe de l’activité extraterritoriale. Ce fut une époque trouble dans l’histoire du Royaume-Uni, celle des révélations concernant les célèbres traîtres du Foreign Office, les Burgess, Philby et MacLean. Malgré ce climat hautement délicat, White sut garder la confiance de ses supérieurs politiques et administratifs.

Dick White quitta la MI 6 en 1966. Il avait soixante ans. Il fut tout de suite nommé “coordinateur du renseignement auprès du bureau du Conseil des ministres”, la première personne à se voir attribuer ce poste. Jusqu’à sa retraite définitive, en 1972, les services de renseignements ont pu ainsi bénéficier de ses conseils éclairés, et les amis et les alliés du Royaume-Uni à travers le monde ont continué, comme ils en avaient l’habitude, à le consulter.

Quoique réservé et révélant peu de lui-même — ce qui n’a rien d’étonnant —, Dick White fut un homme fort affable et d’un abord facile. En outre, il était doté de qualités humaines remarquables. Alors que certains journalistes à sensation et autres employés des services secrets à la retraite cherchaient, dans les années 1980, à faire discréditer à titre posthume deux de ses prédécesseurs à la tête de la MI 5, en affirmant qu’ils avaient été des agents soviétiques, White, qui avait bien connu les deux hommes en question et qui était persuadé de leur innocence, n’hésita pas à témoigner publiquement en leur faveur.

Sir Dick White, qui avait été fait chevalier par son souverain reconnaissant, s’est éteint le 20 février 1993, à l’âge de quatre-vingt-six ans, des suites d’un cancer.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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